Les robes à l’abbaye de l’Escaladieu, c’est une histoire ancienne. Du temps des moines, la soutane – la coule chez les Cisterciens – régnait sur les modes passagères du monde profane, faisant disparaître l’individu sous le voile du culte. Son souvenir resurgit aujourd’hui à travers la thématique de cette exposition consacrée à la robe. Vêtement porté indifféremment par les hommes et les femmes, la robe est le marqueur d’une époque, d’une civilisation, d’un ordre social.
Du 30 mars au 3 novembre 2024
Artistes exposés : Isa Barbier, Corine Borgnet, Stéphanie Cailleau, Élisabeth Caravella, Estelle Chrétien & Miguel Costa, Emilie Faïf, Adélaïde Feriot, Anne Ferrer, Hippolyte-Hentgen, Rieko Koga, Violaine Laveaux, Éva Taulois, Éloïse Van der Heyden, JisooYoo
Ample et épurée, soutane, toge, simarre, la robe uniformise la silhouette humaine pour lui conférer une dimension universelle tendant au sacré, proposant une humanité hors du temps, hors de la société, presque sans corps.
Mais ajustée, plissée, ornementée, la robe redessine les silhouettes, sculpte les formes. Souvent sexué, parfois ultra-féminin, ce vêtement répond à des codes, à des rites que les artistes contemporains réinterrogent.
La robe va de pair avec le drapé, cet ensemble de plis qui cache pour mieux dévoiler ou révéler certaines parties du corps. De l’Antiquité à nos jours, le drapé mesure le degré d’incarnation (« prendre corps ») de la figure représentée. Son dessin abstrait, géométrique, ou au contraire voluptueux, voire impudique, est révélateur de l’effacement ou de l’emprise du corps, des sens, face au spirituel.
En robe des champs, les œuvres en extérieur viennent habiller les arbres du parc pour souligner une analogie avec la silhouette humaine ou signaler le pouvoir spirituel de la nature. En retour, en intérieur, le végétal colonise le tissu, au-delà du simple motif imprimé, pour faire du corps un paysage et abolir la frontière entre homme et nature.
Ode à la fête, à la joie, au partage, la robe ne peut être dissociée de la danse, magique et solennelle des bals de contes de fées, bariolée et exubérante de la farandole, ou encore rythmée et libérée du bebop.
Plus qu’un sujet de mode, la robe devient un support d’expression, un médium artistique à part entière. Ce défilé bigarré nous invite à soulever le voile de l’ordinaire, à découvrir la magie dissimulée sous la surface des choses.
Commissaire d’exposition : Aude Senmartin