Exposition dans les jardins de l’Abbaye de l’Escaladieu du 11 juillet au 11 octobre 2020
Artistes exposés : Philippe Bertrand, Denise Bresciani, Collectif DF, Carl Hurtin, Uwe Klamka, Victoria Klotz, Marie Labat, David Lachavanne, Inès Lavialle, Mélanie Maura, Aline Part, Marianne Plo et Claire Sauvaget.
Dans un écrin de verdure tel que celui de l’Abbaye de l’Escaladieu, réunir des artistes qui s’intéressent à la nature, et plus largement au vivant, semblait une évidence.
Souvent les artistes aspirent à se reconnecter au monde, à en écouter les pulsations, pour intensifier la présence du réel. Ils convoquent les éléments, les forces primordiales, les liens invisibles qui unissent les êtres. Ils expriment leur fascination pour les processus de vie, les métamorphoses infinies de la matière et s’inspirent de formes organiques et naturelles pour produire des œuvres qui enrichissent en émotion et en imaginaire notre relation au monde. L’exposition présente autant de regards singuliers sur le vivant.
Il est question de partage des territoires entre les hommes et les animaux dans le travail de Victoria Klotz. Marianne Plo évoque notre part animale en créant des êtres hybrides qui surgissent d’une jungle onirique et colorée. Aline Part révèle la beauté du monde dans ses détails. Elle prend une photographie tous les jours, constituant peu à peu une collection sensible et poétique de vues rapprochées sur son environnement.
Mélanie Maura réalise deux cocons à taille humaine en s’inspirant d’un champignon à l’allure extraordinaire appelé « cœur de sorcière ». Inès Lavialle présente une structure colonisée par des formes organiques blanches qui prolifèrent, comme les polypores qui parasitent certains arbres. À l’image d’un essaim d’abeilles, l’installation de Claire Sauvaget est composée de plaques dont les alvéoles cachent de minuscules maisons.
Denise Bresciani entend réconcilier la nature et l’homme, créer du lien, au sens propre et au figuré, en utilisant de la filasse, une fibre végétale, qu’elle tresse en relation avec l’architecture du site.
Les forces de la matière et les énergies vitales sont au cœur de trois œuvres. Uwe Klamka interroge les liens entre la vie terrestre et l’univers dans une sculpture évolutive. La dimension du temps s’inscrit en filigrane dans le rocher fracturé par le Collectif DF. Silencieuse et solennelle, posée dans l’herbe telle un vestige invitant à la méditation, l’œuvre s’intitule « Saxifrage », du nom de cette plante des montagnes, surnommée « perce-pierre », qui pousse dans les fissures des rochers. L’installation de Philippe Bertrand associe, quant à lui, des plantes originaires de différents endroits de la planète à des objets manufacturés qui représentent les quatre éléments.
Sur un mode ludique, Carl Hurtin, David Lachavanne et Marie Labat imaginent un drôle de monde où les arbres produisent des balançoires ou se transforment en compas géant redessinant le paysage, tandis que des boules d’herbe poussent spontanément sur les murs et que d’étranges salades roses sont cultivées en rangs serrés. Un monde où les pierres sont aussi des haies fleuries à préserver.
Adaptation, colonisation, symbiose ou greffe, à l’image d’un organisme, les œuvres se déploient sur le site en dialogue avec leur environnement. L’exposition est une invitation à la déambulation dans le parc à leur découverte, le temps d’un été.
Marcher dans l’herbe et ressentir son écho. Observer le paysage, les insectes, les plantes, et se laisser enchanter par la prodigieuse diversité des formes et des couleurs présentes dans la nature. Ecouter les oiseaux, le bruit de la rivière et mesurer le passage du temps dans les pierres. Apprécier la chaleur du soleil et l’ombre fraîche des bois. Se projeter mentalement dans l’univers et ses milliards d’étoiles, et regarder la terre qui tourne. Comprendre que notre corps est fait de la même chair que le monde.
S’émerveiller.
Commissaire d’exposition : Erika Bretton, OMNIBUS – Laboratoire de propositions artistiques.