icone menu ouvert AGENDA

Du 1er avril au 5 novembre 2023

Artistes exposés : Félix Blume, Ursula Caruel, Mathilde Caylou, Miguel Chevalier, Claude Como, Salomé Fauc, Julie C. Fortier, Makiko Furuichi, Dominique Ghesquière, Murielle Joubert, Duda Moraes, Marie-Hélène Richard, Dimitri Xenakis.

Ce sujet trouve un écho particulier dans l’architecture et l’histoire de l’abbaye de l’Escaladieu, et de toutes les abbayes en général, pensées et construites sur le précepte du cloisonnement et de la clôture des espaces (cellules, cloître). L’invitation faite à chaque artiste de composer son propre jardin imaginaire dans une des anciennes cellules de moine et dans le parc a ainsi transformé l’abbaye de l’Escaladieu en un fabuleux jardin partagé pour la délectation du visiteur.

Si la nature est un « dictionnaire » pour l’artiste, pour reprendre le mot de Delacroix, la graine en serait l’alphabet, permettant dès lors à l’artiste-jardinier de composer à l’infini grâce à son imagination. Chaque œuvre embrasse le processus de croissance, de prolifération du vivant. Le hasard, le temps, l’interaction aléatoire des éléments, la perte de maîtrise totale en sont des composantes à part entière. L’articulation entre nature et artifice se réinvente sans cesse, entre imitation et idéalisation, entre jouissance sensorielle et posture méditative.

Pour chaque artiste, le jardin est un milieu vivant, habité, bavard. Loin de n’être qu’un morceau de nature pittoresque, cet environnement constitue un monde dans lequel l’invisible importe autant que l’apparence. Les artistes révèlent les esprits magiques qui habitent la nature, dévoilent la beauté du monde souterrain caché sous nos pieds, nous invitent à apprécier ses notes sonores et olfactives. Le « langage des fleurs », les correspondances sont également invoqués par certains artistes pour faire parler la nature et composer de véritables poèmes visuels.

Le jardin renvoie aussi à l’enfance, par l’évocation des jeux, des cueillettes, de ces expériences « au ras des pâquerettes ». Certains artistes nous engagent à nous rapprocher de la terre, à concentrer le regard sur ces « mauvaises herbes » avec lesquelles nous avons confectionné nos plus beaux bouquets. Les œuvres immersives qui mettent en scène une nature envahissante inversent quant à elles le rapport d’échelle à la nature et le pouvoir de l’homme sur le végétal.

Dans cette nature sans cesse réinventée, le visiteur voyage d’intériorité en intériorité, car le jardin sous son aspect universel et partagé est le fruit d’une histoire intime et d’une lecture personnelle du monde.

Commissaire d’exposition : Aude Senmartin.